Association Française
des Gestionnaires de Risques Sanitaires

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A propos du risque de contamination lors des séances d'endoscopie digestive.

Une polémique s'est récemment développée sur l'ordre de passage en séance d'endoscopie. Il est du rôle des gestionnaires de risques sanitaires, dans l'intérêt de tous, d'attirer l'attention sur ce risque, incontestable même s'il est très difficilement quantifiable.

Si le médecin est certain qu'un patient est porteur d'une maladie transmissible comme l'hépatite C, ignore-t-il que la probabilité existe de contamination de l'endoscope ou des accessoires utilisés pendant l'endoscopie et, par conséquent, la contamination d'autres patients au cours des endoscopies suivantes ? La communauté scientifique s'en préoccupe. Un article vient d'être publié, ( « Digestive endoscpopy as a preventable risk factor for transmitting Hepatitis C virus » René E Vallot T Duval G and Soulé JC Ann Intern Med 2005; 142:940-1.), par une équipe française insiste sur le fait que les soignants au sens large, ( médecin prescripteurs ou réalisateurs de l'endoscopie, infirmières, pharmaciens, dirigeants, manager de risques, techniciens, qualiticiens.), et leurs patients, doivent être aidés à minimiser le risque de transmettre le virus de l'hépatite C d'un patient à l'autre lors des séances d'endoscopies digestives (www.annals.org/content/142/11/940/reply).

Il convient donc d'aider les soignants à répondre au principe de précaution afin de diminuer les risques de transmissions. Plusieurs solutions sont proposées :

1/ Aider à appliquer les recommandations sur les procédures de désinfection des endoscopes . La déficience de la préparation universelle des appareils n'est probablement qu'exceptionnellement en cause. Mais des erreurs humaines sont toujours possibles.

2/ Aider à moduler l'ordre de passage des patients afin de prendre en compte la fréquence des affections suivies par le centre de soin. Cette modulation était une option retenue dans la circulaire DGS/DH n° 96-236 du 2 avril 1996.

L'aide nécessaire est d'autant plus importante que moduler l'ordre de passage pose d'importants problèmes organisationnels.

Décaler les patients porteurs d'une maladie transmissible en fin de séance soulève en outre des questions éthiques pour lesquelles une aide est également nécessaire. En effet, une telle mesure ne doit-elle être prise par la société dans son ensemble. En effet, selon qu'elle est acceptée ou refusée, elle peut s'interpréter d'au moins 4 façons différentes : i) l'accepter ne serait-il vécu comme une mesure discriminatoire, exposant les patients qui passent en fin de séance à une concentration de risques de transmission ? ii) A l'inverse la rejeter n'est-ce pas exposer les autres patients endoscopés à un alea qu'ils auraient pu éviter ? iii) Garder le silence n'est-ce pas abandonner les soignants à une situation sans recours face à une question où réside un débat sociétal qui les dépasse largement ? Faut-il appliquer aux soignants l'article R.4127-2 du code de la santé publique :   « le médecin, au service de l'individu et de la santé publique, exerce sa mission dans le respect de la vie humaine, de la personne et de sa dignité. » ?

3/ Utiliser des endoscopes autoclavables ou à usage unique . Si le nettoyage de l'endoscope en fin de séance ou en fin de journée n'est pas plus efficace qu'entre 2 patients, cette mesure permet de scinder le ou les sous-ensemble(s) de l'endoscope susceptible(s) d'être contaminé(s). Le recours à ces appareils qui commencent à être disponibles dans certains pays ne se heurtera-t-il pas à des préoccupations budgétaires ?

«Changer l'approche des risques pour changer la culture hospitalière », le leitmotiv de l'afgris (°), ne consiste-il, ici, d'abord, à éclairer la polémique?

Blondel P président, Macrez A & René E vice-présidents, et le CA de l'afgris

(mis en ligne le 24 juin 2005)

L' article au format pdf

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