Association Française
des Gestionnaires de Risques Sanitaires

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Friday, November 11, 2005 9:16 PM
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SFEDNews Edito n°6 - Novembre 2005

lettre éditoriale de la Société Française d'Endoscopie Digestive
Numéro 6  -  Novembre 2005 U ne N ouvelle C irculaire  P rion  !    

En juin 2005, la Société Française d'Endoscopie Digestive (SFED) a été invitée par la Direction Générale de la Santé (DGS) à participer à une révision de la circulaire 138, qui définit le cadre des procédures de désinfection de nos endoscopes. Le premier sujet de discussion concernait les groupes à risque de la maladie de Creutzfeldt-Jakob (MCJ), jusqu'à présent au nombre de trois : les patients avec un antécédent de traitement par hormone extractive, les patients avec un antécédent de neurochirurgie, et les formes familiales. Si on employait un produit désinfectant du groupe II (acide peracétique, .), il n'était pas nécessaire de tenir compte de ces trois groupes, la procédure restant celle préconisée pour la population générale. Aucun groupe à risque spécifique n'avait été défini pour la maladie de Creutzfeldt-Jakob nouveau variant (vMCJ).

La DGS souhaitait définir un quatrième groupe sur les bases suivantes : si l'incidence de la vMCJ s'est stabilisée (Royaume-Uni (R-U) : 18 décès en 2003 contre 28 en 2000) et si le danger directement lié à l'ingestion de viande bovine semble contrôlé, la crainte est maintenant celle d'une transmission inter-humaine à partir des patients contaminés. En effet, il a récemment été observé au R-U deux cas de vMCJ survenus chez des receveurs de sang provenant de patients atteints de vMCJ. Un des patients ainsi contaminés présentait une forte concentration de prion pathologique dans les amygdales. Les spécialistes craignent donc que les personnes transfusées soient elles-mêmes particulièrement à risque de transmettre la maladie, en particulier par l'intermédiaire des organes lymphoïdes.

En France, 3 patients atteints de vMCJ ont donné leur sang. 7 des receveurs identifiés sont vivants et ont été avertis du risque. La DGS a proposé que ce groupe de personnes transfusées avec du sang de patients atteints de la vMCJ constitue un quatrième groupe à risque dans la circulaire 138. Et que pour ce groupe, compte-tenu du haut-degré d'infectiosité des organes lymphoïdes, l'endoscope soit détruit après l'examen.

Il nous a paru évident que la conséquence d'une endoscopie chez ces patients étant une destruction de l'endoscope, la réaction des spécialistes confrontés à cette demande risquait d'être de refuser de faire l'examen ou d'utiliser des explorations non-endoscopiques éventuellement au détriment du patient. Le patient risquait par ailleurs d'omettre de signaler son état pour être soigné comme tout le monde. Le tube potentiellement contaminé pourrait alors à son tour être un éventuel vecteur. Nous avons donc écrit à D. HOUSSIN, Directeur de la DGS, pour demander que soit proposé à ces patients, qui sont connus, une prise en charge spécifique, sur des centres ciblés qui bénéficieraient d'une dotation. Nous n'avons pas, à ce jour, eu de réponse et la révision de la circulaire 138 est en attente.

En revanche, la DGS et la Direction de l'Hospitalisation et l'Organisation des Soins (DHOS) ont signé en date du 23 septembre 2005 une circulaire dite circulaire 435, qui formalise l'existence de ce quatrième groupe et qui précise que :
- les 7 personnes ont reçu une lettre qui leur demande de signaler leur risque avant toute intervention chirurgicale ou endoscopique ;
- les procédures d'identification des patients à risque ne doivent pas être modifiées ;
- les praticiens doivent les soigner comme habituellement.
mais aucune dotation financière n'est prévue. !
Ce texte est hypocrite : il laisse à la charge des praticiens choisis par le patient le coût financier de la destruction de l'endoscope. La SFED persiste à penser que cette approche sera très probablement contre-productive si l'objectif est bien d'éviter un hypothétique risque de contamination. Elle est par ailleurs totalement injuste pour les praticiens confrontés au dilemme de sacrifier un endoscope ou de prendre en charge correctement le patient. Nous allons immédiatement recontacter la DGS pour demander que la situation évolue vers une solution qui soit à terme plus réaliste.


Christian BOUSTIERE, Thierry PONCHON, Bertrand NAPOLEON et l'ensemble du Conseil d'Administration de la Société Française d'Endoscopie Digestive

Copyright : Société Française d'Endoscopie Digestive  / 2005

 

 

 

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