Association Française
des Gestionnaires de Risques Sanitaires

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Risques de transmission infectieuses en endoscopie digestive : épargnons-nous des crispations récurrentes

Ce texte sur la transmission infectieuse en endoscopie et programation des examens rédigé par Emmanuel René a été soumis le 15 nov. 2005 pour publication comme lettre à l'éditeur de Gastroenterologie clinique et biologique ( Organe officiel de la Société Nationale Française de Gastroentérologie)

Deux crispations sur ces questions, pourtant récurrentes en endoscopie, connaissent, au moment où j'écris cette lettre à l'éditeur, une vive recrudescence.

La première des deux porte sur la programmation des examens d'endoscopie en fonction du statut viral du patient.
De fait, dans la rubrique controverse du numéro d'octobre [1], la conclusion de T.Vallot et JC Lucet, tous deux bons esprits avec lesquels je partage recherche [2], amitié et respect mutuel, ne me paraissent pas correspondre à ce qui s'est passé jusqu'ici.
En effet, jusqu'ici, préconiser, (ou à l'inverse interdire), l'instauration d'un ordre de passage, selon la connaissance que l'on a du statut viral du patient, avait, pour moi, déjà conduit à un piège, dont nous avions su sortir, et où donc je pensai que l'on ne nous reprendrait plus.

J'exclu de la discussion, car elle en est abordée dans trois des autres contributions de la même et remarquable rubrique controverse [3-5], cet autre débat, récurrent lui aussi, de la détermination a priori et systématique, ( à mon sens, aussi compulsive qu'illusoire, sauf dans le cadre d'une recherche prospective), du statut vis à vis du virus de l'hépatite C (VHC), chez tout endoscopé .

Donc je suis surpris que nous puissions nous laisser à nouveau piéger par l'ambivalence de certains slogans, que je retrouve en l'espèce dans la conclusion contestable de mes amis T Vallot et JC Lucet, lorsqu'ils estiment : (.) qu'un tribunal ne jugerait qu'à l'aune d'une « directive claire de la part des organismes nationaux »?

Démontons donc à nouveau le biais de ce slogan, (encore masqué qu'il est, et donc démasqué qu'il peut-être), car il s'introduit entre : d'une part, les 2 prémisses de cette conclusion, (« . un tribunal n'est pas là pour édicter des règles d'hygiène hospitalières il n'est là que vérifier l'application des directives » .  « Cette question ( de l'ordre de passage en séance ) doit donc faire l'objet en urgence d'une directive claire de la part des organismes nationaux (.) »), et d'autre part, la conclusion elle-même : « Il est urgent qu'ils nous disent s'il y a mise en danger d'un malade ou perte de chance lorsque l'on utilise un appareil qui vient de servir pour un malade infecté par le VHC dès lors que les procédures de décontamination désinfection ont été strictement respectées » ?

N'était-ce, en effet déjà en 1996, pour la première circulaire prion, dans le même piége que nous étions tombés [6]?
J'avais, pour ma part, interprété l'échec de cette première circulaire prion [6], et la meilleure acceptation de la seconde [7], comme témoin de notre nouvelle propension à considérer, d'une part des orientations générales, et, d'autre part, les décliner en fonction des spécificités locales de chaque centre, (unissant autour de la prise en charge du patient, praticiens, soignants, hygiénistes, pharmaciens, hospitaliers publics ou privés.).
En conclusion, sur cette première crispation, je me sens plus à l'aise avec le second paragraphe du récent éditorial de l'Association Française des Gestionnaires de Risques Sanitaires qui reconnaît que «  Décaler les patients porteurs d'une maladie transmissible en fin de séance soulève en outre des questions éthiques pour lesquelles une aide est également nécessaire. » [8].

La seconde crispation porte sur la formalisation récente [9] d'un quatrième groupe à risque spécifique la maladie de Creutzfeldt-Jakob nouveau variant (vMCJ). Cette crispation, elle, n'est-elle liée à un autre oubli ? Celui des progrès technologiques qui voient le jour[11-13]?
Ne pas envisager les techniques émergentes, (que ce soit en matière de stérilisation par autoclave ou en matière de vidéoscopes à usage unique), même en matière de discussion financière, dont je reconnais tout à fait l'importance, n'est-ce fermer la porte à une possibilité d'évolution?
Or, comme soignants, ne savons-nous tous que les connaissances sur l'épidémiologie de la transmission nosocomiale de patients à patients, (qu'elle soit du VHC ou du nouveau variant (vMCJ), ont changé et changeront encore?
Malheureusement de façon pas toujours prévisibles.
Charge à nous d'éviter ce qui peut-être évitable.
La pratique des soins restera décidément exposée à toutes les découvertes, parfois tristes [10], parfois heureuses [11-13].
La crispation ne naît-elle pas lorsque la société civile ou les professionnels ont du mal à le reconnaître ?

Références Bibliographiques :

[1] Vallot T, Lucet JC. La programmation des examens d'endoscopie doit-elle tenir compte du statut viral des malades ? Gastroenterol Clin Biol 2005 ; 29 : 1070-71. http://www.afgris.asso.univ-paris7.fr/endoscopie03.pdf
[2] René E, Vallot T, Duval G, Soulé JC. Rapid responses for Wenzel RP, Edmond MB Patient-to-Patient Transmission of Hepatitis C Virus Ann Intern Med 2005; 142: 940-941. (en libre accès à l'adresse URL suivante : http://www.annals.org/content/142/11/940/reply)
[3] Napoléon B, Lefèvre R, Chapuis C et le conseil d'Administration de la SFED. Une contamination per-coloscopique par le virus de l'hépatite C :réponse de la SFED. Gastroenterol Clin Biol 2005;29:1069-72 . http://www.afgris.asso.univ-paris7.fr/endoscopie03.pdf
[4] Sicot C. Réponse à B. Napoléon, R. Lefevre, C. Chapuis et au conseil d'Administration de la SFED. Gastroenterol Clin Biol 2005 ; 29 : 1072. http://www.afgris.asso.univ-paris7.fr/sicot02.pdf
[5] Sicot C. Une contamination percoloscopique par le virus de l'hépatite C. Gastroenterol Clin Biol 2005;29:134-35. http://www.afgris.asso.univ-paris7.fr/sicot01.pdf
[6] circulaire DGS/DH n° 96-236 du 2 avril 1996.
[7] Circulaire DGS/5 C/DHOS/E 2 n° 2001-138 du 14 mars 2001.
[8] Blondel P, Macrez A, René E, et l'ensemble du Conseil d'Administration de l'Association Française des Gestionnaires de Rsques Sanitaires. A propos du risque de contamination lors des séances d'endoscopie digestive. Site del'afgris 2005 ;1,1.(en libre accès à l'adresse URL suivante : http://www.afgris.asso.univ-paris7.fr/hepatite_endoscopie.htm )
[9] Boustiere C, Ponchon T, Napoleon B et l'ensemble du Conseil d'Administration de la Société Française d'Endoscopie Digestive. U ne N ouvelle C irculaire  P rion  ! SFED News  Edito 2005;6:1. (en libre accès à l'adresse URL suivante http://www.sfed.org/sfednewsedito/sfednewsedito_6.htm )
[10] Wenzel RP, Edmond MB Patient-to-Patient Transmission of Hepatitis C Virus
Ann Intern Med 2005; 142: 940-941 . http://www.annals.org/content/142/11/940/reply
[11] Evis extera II autoclavable Olympus BF Type Q180-AC (en libre accès à l'adresse URL suivante: http://www.afgris.asso.univ-paris7.fr/autoclavable_endoscopes.pdf )
[12] Les fibrosteriles d'Andromis (en libre accès à l'adresse URL suivante: http://www.andromis.ch/fr/home_fr_02.html# )
[13] EndovationsTM Endoscopy System Boston Scientific America (en libre accès à l'adresse URL suivante: http://biz.yahoo.com/e/051108/bsx10-q.html )

 

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